dimanche 14 juin 2009

CALEPIN DE VOYAGE : Sensualité indienne

Dès l'arrivée à l'aéroport de Chennai, on est saisi par une odeur inconnue, sauf de l'amoureux de l'inde qui la reconnait aussitôt sans pour autant l'identifier précisément. Odeur complexe de poussière, de parfums de fleurs, odeurs de corps, odeur de vieux tissus quand on s'installe dans l'ambassador classic que nous louons à chacun de nos voyages. Elle symbolise pour nous un mode vie en inde au même titre que le port du Sari par la femme indienne.
En inde, la quiétude appartient aux lève-tôt, car après 8h, le cliquettement des rickshaws, les cris des corbeaux, disparaissent sous les moteurs récalcitrants des bus pleins à craquer, les klaxons obstinés des auto-rickshaws, les pétarades des scooters et motos au moteur diesel. A l'aube, grâce aux oeillets, roses et jasmin, s'exhale un parfum de début du monde. Toutes ces fleurs vénérées se retrouvent dans les temples en colliers d'offrandes et dans les tresses brillantes des femmes. Si les indiennes, n'étaient pas si pudiques, si l'on pouvait humer leur chevelure, on détiendrait l'une des clés de l'inde sensorielle, une inde déroutante, où le délicat et l'insupportable se rencontrent à chaque pas. Contrastes qui enchantent les sens et les chamboulent, indolente et cacophonique, désuète et inventive, c'est l'inde que nous aimons.
En fin de journée, le soleil n'est plus qu'un souvenir sur la peau. C'est alors l'heure de la promenade, du défilé de saris, d'étoffes légères, caressantes, qui habillent le corps de subtils drapés tout en suggérant ce qu'il convient, ici de cacher : ampleur des hanches, beauté des dos, rondeurs des épaules, parcelles de désir dévoilées au gré d'une gestuelle à la fois pudique et sensuelle. Qu'il s'agisse de répandre les pigments colorés des motifs d'un kolam sur le sol, de disposer des fleurs au pied d'une divinité, de rentrer un coin de sari, la grâce inspire chaque geste. Que l'on soit tout en haut d'une montagne sacrée à Palani, à Theerthamalai ou a Hogenakal ou dans un village à contempler le coucher de soleil, nous nous laissons à chaque fois envahir par cette inde sensuelle, fraiche et pudique, tellement en opposition avec certaines scènes de la vie quotidienne qui peuvent déranger les occidentaux que nous sommes.

Publié le Samedi 14 juin 2008

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